Les stages de Français prépa scientifique

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Jean Jacques Rousseau est, sans nul doute, le personnage qui s’est le premier, le plus intéressé à la question de l’enfance au XVIII ème siècle. Il engage une véritable révolution anthropologique et pédagogique. À son époque, l’enfant n’avait aucune existence propre, il était considéré comme un adulte en miniature, inintéressant et insignifiant ne méritant aucune attention ou presque. Grâce à lui, l’enfant devient un être à part entière qu’il faut étudier par lui-même et en lui-même. L’Emile est le premier traité philosophique de première ampleur qui donne à l’enfant toute la part qu’il mérite.

Qui n’a pas lu les Contes d’Andersen ? Qui ne s’est pas fait lire les contes d’Andersen lorsqu’il était jeune enfant ? Personne. Avec Grimm et Perrault ce sont les contes les plus célèbres de toute l’Europe. Les contes d’Andersen émerveillent les enfants et renseignent les adultes sur bien des choses. On peut lire et relire les contes d’Andersen à tout âge, ils nous disent beaucoup sur la réalité de l’enfance et sur les rapports en adultes et enfants. Sources inépuisables de divertissements et d’imagination ils méritent toute notre attention.

Aké, c’est à la fois le petit village de l’ouest du Nigéria où Wole Soyinka, futur dramaturge et Prix Nobel de littérature, a passé ses premières années. Aké, c’est aussi le récit d’une enfance pleine de vitalité, d’énigmes et de découvertes ; c’est l’histoire d’un passage, vers l’âge et l’univers des adultes, du village innocent à la civilisation urbaine corrompue. Véritable chef d’œuvre de l’autobiographie, pic de l’œuvre : la mère de Soyinka, véritable déité en qui le Saint Esprit se conjugue aux forces de la vie.

Comment continuer à vivre après la mort de sa fille ?

A bien des égards, Les Contemplations apparaissent comme le recueil de poèmes à caractère autobiographique de Victor Hugo. Alors que le programme du Bac français 2020 soumettait les Livres I à IV à l’étude des candidats, cette année, le jury des écoles d’ingénieurs a décidé de vous proposer l’étude des Livres IV et V du même recueil, qui, pour information, comporte six livres dans lesquels se répartissent 158 poèmes.

Et force est de constater que ces deux livres (qui comportent respectivement 17 et 26 poèmes) illustrent magnifiquement le thème de l’année : « La force de vivre ». Car, par opposition aux trois premiers livres des Contemplations, réunis dans une partie intitulée : « Autrefois (1830-1843) », les trois derniers constituent une partie intitulée « Aujourd’hui (1843-1855) » avec une rupture essentielle dans la vie de Victor Hugo entre ces deux parties : la mort de sa fille Léopoldine le 4 septembre 1843, fraîchement mariée six mois plus tôt et âgée d’à peine 19 ans. Comment trouver la force de vivre après un tel drame ? Les Livres IV et V des Contemplations tentent d’apporter des réponses, certaines pleines de désespoir (« Oh je fus comme fou »), certaines s’achevant sur une vision mystique (« Elle était pâle »), d’autres encore laissant place au silence de l’indicible (« 15 février 1843…4 septembre 1843 »).

Outre l’enjeu narratif et autobiographique de ces poèmes, l’étude de la poétique, des rimes, des sonorités, des figures de style promet une réflexion passionnante sur la catharsis de la poésie face à la mort afin de trouver, au-delà du deuil, la force de vivre.

Serions-nous assez forts pour revivre notre vie ?

Le Gai Savoir est publié en 1882 sous le titre original Die fröliche Wissenschaft – La gaya Scienza. L’étude proposée cette année sur le thème « La force de vivre » concerne uniquement l’avant-propos, issu de la deuxième édition de 1887, ainsi que le livre IV, intitulé « Saint Janvier » (Sanctus Januarius dans l’édition originale).

Avant d’entrer dans la lecture (complexe) de cette œuvre majeure du philosophe, il faut se rappeler que l’écriture de Nietzsche est une écriture par fragments qui se retrouvera dans nombre de ses ouvrages, notamment Ainsi parlait Zarathoustra qui met en scène les concepts essentiels de la philosophie nietzschéenne, telle la notion de « Surhomme » ou celle de « volonté de puissance ».

Or, c’est précisément dans le livre IV du Gai Savoir qu’émergent ces concepts en réponse à l’idée émise par Nietzsche d’une vie qui ne cesserait de se répéter à l’identique et à l’infini et dont il faudrait en permanence assumer les choix. Cette idée de « l’éternel retour » pose la question de la capacité de l’homme à vivre malgré ses choix et ses erreurs, sans tomber dans le nihilisme, l’inaction par peur de ne pas pouvoir assumer son action.

Par ailleurs, Le Gai Savoir pose la question de la place de l’art dans la vie, l’esthétique, personnifiée par le dieu grec Appolon venant organiser la force chaotique du monde, personnifiée par le dieu grec Dionysos. L’art n’est-il qu’une illusion empêchant à la puissance chaotique de se révéler ou est-il précisément l’élan esthétique qui donne à l’homme la force de dominer cette puissance et donc de vivre ?

Cette œuvre pose les bases philosophiques du thème de l’année. Il sera donc essentiel de lui consacrer le temps qu’elle mérite, d’autant plus que l’écriture fragmentaire risque d’apparaître faussement simple à certains candidats peu habitués à la pensée de Nietszche.

Comment reconstruire sa vie quand tout a été détruit ?

Lauréate du Prix Nobel de Littérature en 2015 pour son œuvre, Svetlana Aleksievitch est une journaliste originaire d’ex-URSS, citoyenne biélorusse après la chute de l’URSS. Suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, elle recueille pendant dix ans près de 500 témoignages de personnes ayant été confrontées à la catastrophe. La centrale nucléaire dont le cœur du réacteur n°4 a fusionné en avril 1986 se situe à 15 km au nord de Tchernobyl (à Pripiat) et à une dizaine de kilomètres de la frontière biélorusse. Svetlana Aleksievitch fut donc, y compris à titre personnel, touchée par cette catastrophe.

En recueillant des témoignages directs, non seulement de la catastrophe nucléaire mais aussi de son impact psychologique sur les victimes et sur tous les acteurs qui ont tenté de circonscrire les dégâts après l’explosion, Svetlana Aleksievitch a contribué à bâtir un essai fondateur de la mémoire collective liée à cet événement. En cela, son travail peut être rapproché de celui de son illustre prédécesseur Alexandre Soljenitsyne, Prix Nobel de Littérature en 1970, qui a rassemblé des milliers de témoignages de prisonniers du goulag pour écrire L’Archipel du Goulag. Dans les deux cas, il en sort une véritable réflexion sur la résilience de l’homme face à l’effondrement de sa vie et sur la force de continuer à vivre malgré cet effondrement.

Alexis-Henri-Charles-Clérel, Comte de Tocqueville, est un philosophe, historien, homme politique et penseur français majeur de la première moitié du XIXème, véritable précurseur de la sociologie ses analyses au laser n’ont pas pris une seule ride depuis leurs publications. Issu de la très ancienne noblesse normande, sa famille est résolument partisane de la monarchie, tendance légitimiste, ce qui leur causa les pires soucis entre 1789 et 1795, si ses parents échappèrent de peu à la guillotine lors de la « Terreur » révolutionnaire, ce ne fut malheureusement pas le cas de certains de ses cousins.

Parti au Etats-Unis de 1830 à 1831 pour y étudier le système pénitentiaire américain il en reviendra gros de son œuvre majeure « De la Démocratie en Amérique » qu’il publiera en deux tomes respectivement en 1835 et 1840. Entretenant des relations morales très ambigües avec le phénomène démocratique (bien qu’il le jugea historiquement inévitable voire quasiment providentiel) il en livre une genèse, une analyse et une vision qui frappent autant par leur justesse que par le caractère prophétique de cette dernière.

La principale innovation conceptuelle de Tocqueville en ce qui concerne la démocratie est sans doute qu’il ne la considère pas uniquement comme un régime politique mais bien plus comme étant un état social, une façon d’être, de penser et d’agir qui sont entièrement modelés par l’égalité des conditions, par la passion de l’égalité, passion qui va jusqu’à supplanter le goût naturel que chaque homme possède pour la liberté. Enfin, pressentant les dangers propres à l’état démocratique moderne, il en vient à théoriser deux grands fléaux consubstantiels à ce type de régime : la « tyrannie de la majorité » et le « despotisme doux ».

Philip Roth est un romancier américain né à Newark dans le New Jersey et tout récemment mort à New-York. Issu de la petite bourgeoisie juive ashkénaze immigrée aux Etats-Unis sur la côte est, cette dernière sera la toile de fond de la plupart de ses romans. Le Complot Contre l’Amérique est une uchronie se déroulant dans les années 1940 aux Etats Unis, Charles Lindbergh (personnage historique réel), véritable pionnier et héros de l’aviation moderne, surnommé « l’aigle solitaire », il est le premier à rallier New-York à Paris sans escale et en solitaire.

Bien qu’étant idéologiquement ouvertement sympathisant du nazisme et du IIIème Reich, il est élu, à la surprise générale, président des Etats-Unis contre Franklin Delano Roosevelt. Très antisémite et admirateur d’Hitler, il conclut un pacte de non-agression avec l’Allemagne dès qu’il arrive au pouvoir.

A mi-chemin entre la fiction et la réalité historique cette achronie dystopique a pour narrateur un enfant, qui, bien que très déçu et heurté de la tournure des événements bien très bien conscience de leur importance géopolitique. Une bonne connaissance de la constitution américaine et des rouages politiques de ce pays sera plus qu’utile au lecteur. Il en va de même quant à la connaissance de l’Histoire de ces années-de façon à pouvoir bien différencier le réel du fictionnel.

Aristophane est sans doute le plus grand auteur de comédies de l’Athènes classique (Vème/IVème siècle avant JC), acclamé de son vivant, il a participé pendant quatre décennies aux dionysiaques, a écrit plus de quarante pièces dont (malheureusement) seules onze nous sont parvenues. Se moquant de tout et de tout le monde (Socrate lui-même en fera les frais dans les Nuées), il n’épargne ni la démocratie ni surtout ses concitoyens. Les Cavaliers sont une satire hors pair du système démocratique athénien, de toute la démagogie, la flagornerie, de toutes les intrigues et les bassesses qu’il charrie.

À l’exact opposé de l’éloge emphatique et solennel que Périclès fait de la démocratie (Guerre du Péloponnèse Thucydide) Aristophane nous livre un regard sans fard et sans illusion, tout en dérision sur les mœurs démocratiques. Dans L’Assemblées des Femmes, la critique est plus institutionnelle, la cible d’Aristophane : la Boulé (organe politique présidant aux délibérations de l’assemblée des citoyens en lui donnant, entre autres, systématiquement son ordre du jour et en formulant des projets de loi) qui par son action répétée et involontairement malfaisante en arrive à transformer la démocratie en régime despotique.